Tours en construction, routes barrées, palissades de chantier à chaque coin de rue… Si vous êtes passé par la Part-Dieu ces dernières années, impossible d’ignorer l’ampleur des transformations en cours. Ce quartier emblématique de Lyon, connu pour son centre d’affaires, sa gare et son centre commercial, est en train de vivre une métamorphose d’une ampleur inédite.
L’objectif ? Faire de la Part-Dieu un quartier urbain moderne, plus attractif, plus vert, et mieux adapté aux défis de demain. Derrière ces ambitions, des projets d’envergure se multiplient : rénovation de la gare, nouvelles tours, réaménagement des espaces publics, développement de logements et de bureaux… Mais cette transformation ne se fait pas sans heurts. Entre nuisances des travaux, montée des prix immobiliers et inquiétudes sur l’identité du quartier, les avis sont partagés.
Alors, que réserve l’avenir à la Part-Dieu ? Comment ce quartier, autrefois conçu pour l’efficacité fonctionnelle, tente-t-il aujourd’hui de devenir un véritable lieu de vie ? Décryptage d’un chantier qui façonne le Lyon de demain.
Avant de parler du futur, faisons un petit retour en arrière. Parce que non, la Part-Dieu n’a pas toujours été ce quartier dense, dominé par des tours de verre et une gare bourdonnante. Son histoire est marquée par des transformations majeures qui ont façonné son identité actuelle.
À l’origine, le quartier de la Part-Dieu n’était pas un centre d’affaires, ni même un espace urbain dynamique. Jusqu’au début du XXe siècle, il s’agissait d’un vaste terrain militaire, occupé par des casernes et des champs. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale, face à l’essor économique de Lyon et au besoin d’urbanisation, que la ville décide de donner une nouvelle fonction à cet espace.
Dans les années 1960, la municipalité lance un ambitieux projet d’aménagement , porté par l’architecte Charles Delfante. L’idée ? Transformer la Part-Dieu pour qu’il devienne le centre de la ville, combinant activités économiques, services publics et infrastructures de transport. C’est à cette époque que naissent les premiers grands ensembles, avec une approche résolument moderne pour l’époque : de larges espaces ouverts, des bâtiments fonctionnels et une vision tournée vers l’avenir.
Le véritable tournant arrive dans les années 1970 avec la construction de la gare de la Part-Dieu, qui devient rapidement un point stratégique du réseau ferroviaire français. Elle est pensée pour accueillir le TGV, dont la première ligne reliant Paris à Lyon sera inaugurée en 1981 . Ce choix fait de la Part-Dieu une plaque tournante incontournable du transport national et accélère son développement.
En parallèle, le centre commercial de la Part-Dieu voit le jour en 1975, devenant le plus grand d’Europe à l’époque. Il s’impose comme une référence pour le shopping, attirant des millions de visiteurs chaque année.
Dans la foulée, la ville développe un pôle économique ambitieux. Les premières tours sortent de terre pour accueillir des bureaux et des sièges d’entreprises. La Tour Part-Dieu, surnommée "le Crayon", devient l’icône du quartier en 1977, dominant le paysage urbain du haut de ses 165 mètres.
Si la Part-Dieu s’est développée comme un quartier d’affaires dans les années 70-80, elle a longtemps souffert d’un manque de modernité et d’attractivité. Conçue pour l’efficacité plus que pour le bien-être urbain, elle est devenue au fil des décennies un espace jugé austère et peu accueillant.
C’est dans ce contexte qu’au début des années 2000, la ville décide d’opérer un nouveau virage : moderniser la Part-Dieu en misant sur des infrastructures plus ambitieuses, plus durables et mieux intégrées à l’environnement urbain. Ce tournant marque l’ère des nouvelles tours, plus hautes, plus écologiques et mieux adaptées aux besoins contemporains.
De son passé militaire à son rôle de moteur économique de Lyon, la Part-Dieu a toujours été un territoire en constante évolution. Mais avec les transformations actuelles, elle est en train de vivre l’une de ses plus grandes mutations.
Depuis plusieurs années, la Part-Dieu est en pleine effervescence. Exit le quartier d’affaires purement fonctionnel, place à un territoire plus ouvert, plus vert et mieux connecté . Mais derrière cette ambition se cache une multitude de projets qui modifient en profondeur le paysage urbain. Et non, la gare n’est pas le seul chantier d’envergure !
Un quartier en transformation : entre démolitions, constructions et réaménagements
Le projet de renouvellement de la Part-Dieu s’articule autour d’une volonté de diversification : moins de bureaux, plus de logements et d’espaces verts, et une meilleure circulation pour les piétons et les transports en commun . Le plan vise à rééquilibrer le quartier pour le rendre plus agréable à vivre, en évitant l’effet « ville bétonnée » souvent reproché à l’ancien modèle.
Impossible d’ignorer cet immense chantier. Depuis 2017, la gare de la Part-Dieu subit une refonte majeure pour accompagner l’augmentation du trafic ferroviaire (35 millions de voyageurs par an en 2023, et une projection à 50 millions d’ici 2030).
Si ces travaux sont nécessaires, ils génèrent aussi leur lot de problèmes pour les riverains : nuisances sonores, accès compliqués et délais rallongés.
Livrée en 2022, la Tour Silex 2 est l’un des symboles du renouveau de la Part-Dieu. Avec ses 23 étages et 130 mètres de haut, elle incarne la volonté de moderniser le parc de bureaux, tout en intégrant des espaces plus conviviaux.
Sa particularité ? Une terrasse panoramique qui offre un nouveau point de vue sur la ville, ainsi qu’une grande diversité d’espaces de travail (bureaux, coworking, salles de réunion modulables).
Situé entre la rue Flandin et la rue de la Villette, ce projet ambitieux transforme une ancienne friche industrielle en un quartier qui combine logements, bureaux et commerces .
L’enjeu ? Éviter que la Part-Dieu reste uniquement un pôle économique en journée, en intégrant plus de résidents et de services.
Bonne nouvelle pour les amateurs de verdure : la place du Lac, déjà dotée d’arbres, va voir sa superficie doubler pour créer un véritable parc en cœur de ville.
Cette évolution répond à une forte demande des habitants et des usagers, qui réclamaient un espace plus agréable pour se détendre entre deux rendez-vous ou après une journée de travail.
Fini la Part-Dieu 100% bétonnée et dominée par les voitures. La transformation du quartier s’accompagne d’un vaste plan de réaménagement des espaces publics :
Transformer un quartier aussi stratégique que la Part-Dieu, c’est forcément un pari risqué. Si les grands projets visent à rendre l’espace plus agréable et fonctionnel, les impacts sur les habitants, travailleurs et commerçants sont bien réels.
D’un côté, difficile de nier que la modernisation de la Part-Dieu apporte des avancées positives :
Ces évolutions pourraient faire de la Part-Dieu un quartier plus agréable à vivre et mieux connecté , loin de l’image purement fonctionnelle qui lui collait à la peau.
Mais en attendant ces bénéfices… il faut survivre aux chantiers interminables . Depuis plusieurs années, les Lyonnais doivent composer avec un quartier en chantier permanent :
Le projet de transformation s’étend jusqu’en 2030, ce qui signifie encore plusieurs années de perturbations pour les habitants et les travailleurs du secteur.
Autre point sensible : la montée en gamme du quartier et ses conséquences sur l’immobilier et le commerce. La transformation de la Part-Dieu vise à attirer de grandesentreprises et des résidents à haut pouvoir d’achat , mais cela a aussi un effet pervers : augmentation des prix de l’immobilier, disparition de commerces historiques et un quartier qui reste très orienté « business ». Parce que oui, malgré les nouveaux logements et espaces verts, la Part-Dieu risque de conserver son ADN de centre d’affaires, avec une vie urbaine limitée en soirée et le week-end.
La mutation de la Part-Dieu est un chantier titanesque qui redéfinira la ville de Lyon pour les décennies à venir. Plus moderne et plus attractif, ce pôle urbain est en passe de devenir un modèle de transformation métropolitaine.
Mais cette révolution urbaine ne doit pas faire oublier les défis à relever :
En clair, la Part-Dieu de demain sera-t-elle un modèle d’urbanisme réussi ou un quartier trop élitiste et impersonnel ? Seule l’évolution des prochaines années permettra de répondre à cette question.
Et vous, comment percevez-vous cette transformation ? Une avancée nécessaire ou une métamorphose qui va trop loin ?