La crise sanitaire et le déconfinement opéré le 11 mai 2020 se sont accompagnés de protocoles à respecter au sein des entreprises : à titre d’exemple, chaque salarié doit pouvoir évoluer dans un minimum de 4 m² dans tous les lieux de l’entreprise (couloirs, cantine, cafétéria…) et un open-space de 100 m² ne pourra pas accueillir plus de 25 salariés. L’installation de dispositifs technologiques jouera sans doute dans un avenir très proche un grand rôle pour assurer le respect de ces nouvelles normes au sein des entreprises : des capteurs notamment pourront suivre le nombre de personnes présentes dans une pièce, localiser en temps réel le lieu où se trouvent les salariés, et même identifier des bruits « alerte » (de type toux ou éternuements) pouvant signifier la présence d’une personne malade. Le design des bureaux du « monde d’après » sera ainsi pensé pour assurer la distanciation sociale, notamment en réorganisant la circulation des employés au sein des bureaux pour limiter les contacts. Cette distanciation se matérialises d’ores et déjà au sein des espaces de travail, avec pour but de concilier la nécessité d’interagir au sein de l’entreprise avec les impératifs de sécurité sanitaire. Pour encourager les distances de sécurité, les nouveaux aménagements de bureaux visent à espacer ces derniers, tout en incluant des signaux visuels dans l’ensemble des locaux : cercles au sol permettant de s’assurer que les salariés se tiennent à distance les uns des autres, flèches imposant des sens de circulation – comme cela se fait déjà en milieu hospitalier. Autre phénomène remarquable, l’apparition de cloisons en plexiglas destinées à séparer les postes de travail, ce qui permettra à nombre d’entreprises de ne pas perdre le bénéfice des surfaces ouvertes (open-spaces), qui connurent un certain succès au cours des dernières années.
Autant de dispositifs qui visent à modifier en profondeur le comportement des salariés et collaborateurs en entreprise.
Face à une crise sanitaire qui se mue en crise économique, les entreprises sont également conduites à repenser leur stratégie immobilière, notamment en redimensionnement la surface de leurs espaces. Paradoxalement alors que les sociétés doivent assurer le maintien des distances entre salariés, la tendance est à la réduction des surfaces de bureaux pour diminuer les dépenses liées à l’immobilier d’entreprises. En ce qui concerne les surfaces de travail, les cabines isolées semblent être appelées à se multiplier pour favoriser la concentration ; mais ces « bulles de silence » s’accompagnent également d’un phénomène de mutualisation des espaces, de « hubs » où se rassemblent les forces vives de l’entreprise, tant pour assurer la performance de l’activité que la cohésion des équipes professionnelles. La crise du covid-19 a également précipité la généralisation du télétravail puisqu’en mai 2020, 30 à 40 % des salariés travaillaient depuis leur domicile dans 95 % des entreprises françaises. Dans la mesure où nombres de sociétés ne disposent pas des moyens financiers leur permettant de changer totalement l’aménagement de leurs bureaux, c’est l’organisation du travail lui-même qui devra changer : les salariés seront ainsi conduits à alterner entre les périodes de présence dans les locaux et l’accomplissement de leurs tâches à domicile. Le desk sharing – bureau partagé par plusieurs salariés – est un autre phénomène appelé à se développer aux côtés du « Flex Office », dans le cadre duquel les salariés ne disposent plus de bureaux attitrés : le nomadisme en entreprise incitera ainsi les collaborateurs à changer de poste de travail en fonction de leurs besoins et des tâches à accomplir. Des changements qui se coupleront à une digitalisation accrue des activités, laquelle ne pourra que changer définitivement le visage des bureaux tel que nous le connaissons.
